20 Nov. 2006 Philippe Jean 2010-06-10-dessin-linge.gif "La mode commence toujours dans la rue"
Cette maxime est [tellement] vraie que les grands couturiers ...

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article du 28 Septembre 2006 remis en ligne le 25/05/09

"La mode commence toujours dans la rue ". Cette maxime est [tellement] vraie que les grands couturiers comme les grandes enseignes commerciales sortent toujours des produits dits rentables et en fonction des attentes du public. C’est la simple loi de l’offre et la demande.

En France, au milieu des années 80, un grand couturier français a fait sensation lors de l’un de ses premiers défilés en présentant un modèle de kilt qui se portait avec un tee-shirt et sans sporran (petite poche en cuir ou en simili qui se porte sur le devant). Bien sur, pour les puristes du kilt outre-manche, cela provoqua un vrai scandale puisqu’un français avait bafoué " les règles traditionnelles " et avait " copié " un vêtement ancestral qui" appartenait uniquement aux sauvages d’Ecosse ".

Malgré cela, son kilt se vendait par dizaine de milliers en Angleterre, mais très peu dans notre pays sans doute en raison du peu de publicité qui en a été fait et de notre culture latine. D’autres couturiers français et européens créèrent d’autres modèles masculins plus exubérants les uns des autres. Au point d’ailleurs que certains étaient totalement " immettables " pour un homme digne de ce nom.

Des mouvements se sont créés en France à la suite de cette tentative de réhabilitation de la " jupe " pour homme, mais ceux-ci se sont figés sur eux mêmes faisant de celle-ci, un centre de thérapie de groupe à l’américaine ; se réunissant entre eux tout en restant totalement invisible au public. Je ne me reconnais pas dans ces organisations du fait de cette claustration intellectuelle et d’un manque d’ouverture vers l’extérieur. Ce milieu associatif est une prison pour ses membres en recherche d’un bien-être tout à fait naturel. au lieu de cela, ils génèrent un risque de les enfermer dans une forme de fétichisme. Ils ont tendance à s’enfermer dans une forme de frustration chronique et à court terme ne sont plus alors capables d’aller à l’extérieur vers les autres. Je suis fier de porter mon kilt en public, je montre ma joie et mon bien-être. La plupart des gens apprécient les personnes de conviction. C’est de cette façon que nous pourrons véritablement permettre à d’autres de pouvoir le faire. Comme dans toute mouvance, il faut un leader et si je dois être celui-là, alors j’en accepte la responsabilité.

Toutefois, cette année [2006, ndlr], nous voyons la création de modèles plus esthétiques, des activités diverses et variées où des vedettes du show business venir en kilt comme au dernier festival de Cannes. Il suffirait de peu pour voir l’émergence d’une nouvelle mode, d’une nouvelle mouvance.

Dans un chapitre précédent, je vous faisais part de l’histoire du vêtement et où je vous précisais que la quasi totalité des peuples de la planète portait encore le kilt, la jupe ou tunique similaire, il y a encore 250 ans.

Cette évolution du vêtement pour homme est indiscutable tant le nombre de témoignages, de gravures et dessins de toutes les époques demeurent nombreux et accessibles à tous les chercheurs sérieux.

Celui qui prétendrait qu’il s’agissait d’un autre temps et que cela n’a plus cours aujourd’hui, celui-là même n’est pas réaliste ou de mauvaise foi.

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Un guerrier Normand au 4è siècle
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Un gaulois au 1er siècle

Ces quelques gravures représentent des hommes portant différentes formes de ce vêtement considéré aujourd’hui comme " exotique pour ne pas dire excentrique ou d’une autre époque ".

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Artisan et bourgeois au 12è siècle

Toutefois, il y a parfois des exceptions qui ont perduré à travers le temps. Contrairement à l’idée populaire, les Gaulois ne portaient pas seulement la braie, ancêtre du pantalon mais aussi une sorte de blouse ouverte sur le devant. Il s’agit de la saie qui était portée au 1er siècle essentiellement par les paysans et les plus pauvres comme seul et unique vêtement.

Avec l’influence Romaine, cet habit sera modifié vers le 3ème siècle de notre ère pour devenir une jupe plissée à l’arrière et avec une ouverture ceinturée sur le coté droit. Souvent de couleur écrue ou marron, composée de rubans de couleurs, elle sera portée par les nostalgiques des fêtes païennes Gauloises jusqu’au 19ème siècle. Cette évolution de la saie ressemble à s’y tromper au kilt.

Aujourd’hui, les grands couturiers se sont engagés sur cette voie du renouveau, mais ils ne font pas encore des modèles qui soient d’une masculinité sans équivoque, qui soient également démocratiques destinés à tous les hommes tout en étant abordables financièrement parlant.

Cette année encore, dans la collection Printemps Été (2004/2005) des modèles de kilt sont encore présentées au sein des salons, mais restent dans une tendance assez restrictive voir relativement discrète. Seuls ceux qui se sentent concernés par cet habit regardent avec intérêt les créations présentées.

Quant aux grandes enseignes commerciales, elles restent encore complètement hermétiques à commercialiser des " kilts masculins ", sauf lorsqu’elles organisent une période thématique sur l’Ecosse. Mais le comble est de voir certaines d’entres elles commercialiser des jupes pour hommes (avec braguette ou boutons s’ouvrant sur la droite et avec poches) dans le rayon pour femmes.

D’autre part, cette timidité est propre à notre pays qui est encore embourbé dans son éducation catholico-latine bi-millénariste. En effet, en Allemagne, en Angleterre et dans quelques pays nordiques, le port du kilt ou de choses similaires est déjà admis et ancré dans les mœurs avec parfois beaucoup d’avance. Il n’est pas rare lorsque l’on sort le samedi soir dans l’une de ces dites nations de rencontrer régulièrement des hommes accompagnés de leurs épouses ou compagnes habillés avec différents modèles conformes au style local, mais aussi dans la mode gothique où il existe des jupes longues et courtes de couloir noire pour homme.

Que pouvons dire et faire pour l’évolution de la mode ?

    • En premier lieu, il nous faut affirmer notre choix de nous vêtir comme bon nous semble. Je suis un citoyen comme un autre, marié et père de famille, totalement intégré socialement et je revendique le port du kilt dans ma vie de tous les jours.

    • En second lieu, l’évolution de la mode dépend de notre capacité à nous habiller ainsi dans la société de tous les jours. Il nous faut sortir le plus souvent possible pour encourager d’autres personnes plus réservées de sortir.

    • En troisième lieu, je m’implique complètement dans le combat de la réhabilitation et je participe activement par le biais de regroupements, d’associations et autres à s’exprimer en public de cette préférence vestimentaire et non enfermés dans des réunions psychorigides.

    • En quatrième lieu, de par mon attitude altruiste respectueuse des règles, j’encourage tous les hommes à se libérer dans leurs contraintes psychologiques à franchir le cap et leur assurent qu’ils ne sont pas en contradiction avec le respect de la liberté individuelle propre à chacun. Ils ne seront jamais en infraction avec les lois de la république en portant des modèles réservés à leur condition masculine.

    • En cinquième lieu, j’encourage tous les porteurs de jupes, kilts, sarongs et autres à se rapprocher des grandes maisons de coutures et des grandes enseignes commerciales pour leur faire part de leurs envies et transmettre ainsi des idées et des créations. En un mot, donner l’impulsion nécessaire pour démocratiser l’habit abordable pour tous.

    • En sixième lieu, je ne porterai jamais un modèle provoquant ou choquant les bonnes mœurs, ni porter un modèle qui appartient à la gente féminine, ni dénaturer la tenue que je porte de quelque façon qu’elle soit. Je me comporterai toujours avec simplicité comme lorsque je porte un pantalon.

  • En septième lieu, je participe à l’évolution de la société par mon attitude détachée, cordiale et bonne entente avec ceux qui ne partagent pas forcément mes goûts. J’aurai une attitude de tolérance et je ne répondrai jamais à l’ironie et à la dérision.
    • En huitième lieu, je m’efforcerai d’inculquer la connaissance à tous les chercheurs et demandeurs sur l’universalité du port de ce vêtement dans l’humanité à travers le temps. Je ferai des exposés, conférences, écrirai des articles et me montrerai par mon exemple vivant.

  • En neuvième lieu, je participerai à la création d’un comité déontologique sur la validité des modèles masculins en collaboration avec les grands couturiers et les grandes enseignes commerciales. L’été est la meilleure opportunité pour présenter des modèles de jupes de plage et autres "légèreté de saion", car c’est la période de l’année où les gens en général sont les plus attentifs à leurs looks et plus aptes à oser porter des " nouveautés " en période estivale.

 

En dernier lieu, je considère que la vie est courte et qu’il n’est pas bon pour une partie de l’humanité de vivre frustrée dans sa façon d’être, alors qu’elle a la faculté de vivre autrement. Vivez heureux et vivez libre dans votre kilt, votre jupe ou (votre] sarong.

Philippe Jean