L'article est par hier sur l'Est Républicain, voici l'article. Pour la photo, j'essaye de la mettre mais je ne sais pas si elle va passer, en tout cas elle sera pas à sa place. Elle était sur le côté droit du texte, vers le haut.
Dans les jupes de sa femme !
L'association Hommes en jupe entend bien changer les mentalités. « Nous voulons avoir la même liberté vestimentaire que les femmes », explique Pascal.
« Je ne suis ni travesti ni homosexuel ». Pascal porte simplement des jupes et il est bien décidé à aller jusqu'au bout de ses convictions. En posant simplement une question : « Les femmes peuvent porter des pantalons. Pourquoi les hommes ne pourraient-ils pas s'habiller en jupe ? » Cinquante ans après le Mouvement de libération féminine, c'est bien de liberté masculine dont il est question.
L'amour de ce vêtement, Pascal l'a découvert à 24 ans (il en a 47). Lors d'un jeu durant lequel il s'était déguisé en femme, avec tous les accessoires qui vont avec.
« Le maquillage, je n'ai pas apprécié. Mais j'ai tout de suite accroché avec la jupe. J'ai été impressionné par son confort et cette sensation de liberté qu'elle procure ! » Il a ainsi commencé à en porter régulièrement, mais dans l'intimité. Loin du regard des autres. « À l'époque j'étais militaire de carrière. J'étais formaté par ce milieu. » Son épouse, elle, a compris : « On fait la même taille. Elle me prêtait les siennes. » Mais pas question de s'afficher en public : « J'avais l'impression d'être anormal. Je me sentais honteux ».
L'arrivée d'internet a changé la donne. Il a vite découvert qu'il n'était pas le seul homme à aimer porter des jupes. « J'ai même découvert que des grands couturiers comme Dior, Agnès B, Amok ou Jean-Paul Gauthier avaient intégré les jupes pour homme dans leurs collections ! » Mais elles sont encore loin de faire l'unanimité dans le prêt à porter.
Alors, avec d'autres, il a créé l'association nationale HEJ, régie par la loi de 1901, (Hommes en jupe) pour défendre leurs idées. Le but : faire changer les mentalités. « Nous sommes des hommes, nous ne voulons pas ressembler à des femmes. »
Juste porter une jupe ou tout autre vêtement visible réservé jusqu'à maintenant aux femmes : « La société est formatée. Pour elle, l'homme doit être en pantalon sinon il perd de sa virilité ».
« Je suis mieux en jupe »
La première fois que Pascal a acheté une jupe, c'était par correspondance. En jean. « J'ai commencé par la mettre pour promener mon chien, la nuit, dans mon village. » en Haute-Saône, 180 habitants : forcément ça peut faire jaser...
Et puis, petit à petit, Pascal a commencé à s'assumer. Le déclic ? Dans un magasin haut de gamme de Vesoul. « La vendeuse m'a demandé quelle taille faisait ma femme. Je lui ai dit que je venais pour moi. Au départ, elle a été surprise. » Puis, très vite, la femme s'est investie dans la recherche du vêtement parfait pour son client. « Puis, deux quinquagénaires sont arrivées alors que je sortais de la cabine d'essayage. Elles ont trouvé ça génial ! »
Vendue.
Mais au moment de remettre son pantalon, les femmes lui ont dit « Mais pourquoi ne sortez-vous pas avec ? ». Lui, n'osant pas : « Ma voiture est à l'autre bout de la rue... » Et elles de l'encourager et même de l'accompagner. « Tout seul je ne l'aurais pas fait. Finalement, je me suis rendu compte que oui, des fois, on me regardait, et encore ! Mais que je n'essuyais aucune remarque. »
Aujourd'hui, il porte la jupe sans honte. Dans la rue, dans son village également. « Quand je me mets en pantalon, les femmes me disent parfois que je suis mieux en jupe ».
Mais tout le monde n'a pas la même ouverture d'esprit. Il n'est pas encore bon ton de s'habiller ainsi pour aller travailler. La jupe chez l'homme dérange. Même si pour Pascal, ça s'est plutôt bien passé : « Je n'ai pas perdu d'amis, j'en ai même gagné ! ».
Ses enfants de 21 ans et 20 ans ont fini par l'accepter, « même si à un moment donné, le plus grand ne voulait pas que j'aille le chercher au foot ou au judo, ou même au lycée... »
Mais Pascal est plutôt chanceux. Certains des adhérents de HEJ se sont confrontés à l'incompréhension de leur épouse, le rejet de leurs enfants. « C'est fou comme un bout de tissu peut changer l'image d'un être humain. »
Emilie FIEROBE efierobe@estrepublicain.fr
